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La route de Saint Didier - Le pont de ville

LA ROUTE DE SAINT DIDIER – LE PONT DE VILLE

Avant et pendant la Révolution Saint-Didier était un “cul de sac” à l’écart des grandes voies. La route de Villeneuve passait par l’Echelette et Pont d’Aubenas pour les véhicules attelés. Les piétons traversaient l’Ardèche au gué de Saint-Pierre et continuaient par la route de Combe chaude. Napoléon aurait souhaité améliorer ces communications, mais il y eut Waterloo 1815.
En 1818, un projet prévoit un tracé de route au milieu du village de LABEAU. Ce projet est accepté.
Les maisons Delent, aujourd’hui Helly, Sabaton (Arnaud), Saunier sont coupées en deux. Une façade est reconstruite le long de la route. La construction du pont est prévue et après de nombreuses discussions, le pont sera érigé à l’endroit où l’Ardèche est la moins large et à égale distance du Rocher de Jastres et de Saint-Didier.

L’entreprise Mignot d’Annonay le construira après une adjudication du 31 mai 1830. Les constructeurs durent acheter les terrains, démolir les maisons etc... Jusqu’à la limite de Saint-Didier. L’équipement s’occupa du reste jusqu’à Ponson. Le pont fut construit "avec du fil de fer" (traduire avec des câbles). Les travaux durèrent 13 mois environ et le 13 juillet 1831, les essais eurent lieu. L’entreprise avait financé les travaux et un péage fut demandé aux usagers. Les péages étaient encaissés par une famille de Pontonniers installée à l’entrée du pont. Les droits perçus étaient trop élevés et les gens du coin continuaient à utiliser le gué.
Les chemins de fer vont changer tout ça et le transport des marchandises se fera par train. Les péages diminuant, donc moins rémunérateurs, le Pont de Ville est racheté par les communes environnantes et le péage supprimé.

Le vieux pont de bois donne vite des signes de fatigue et un nouveau pont est mis en chantier en 1934 par la compagnie des forges d’ALES. Il sera terminé en 1936. Les planards se rappellent des essais. Mais en avril 1993, « le pont de fer » donne des signes de fatigue et on constate la rupture de câbles. Il faut construire un autre ouvrage. Un pont provisoire est installé en amont. Le 10 juillet 1995, le nouveau pont (sans fil de fer, sans câbles) est inauguré. Toutes les autorités départementales sont là.
En leur époque les 2 premiers ponts furent le dernier cri de la technique. Le premier au tablier de bois et au support en fil de fer a duré 103 ans. Le second plus fier, presque arrogant avec ses arches de fer et ses poutres métalliques, ne vivra que 58 ans. Le troisième plus discret !!! Combien d’années faudra t-il pour le fatiguer ? Le remplacera t-on un jour ? Avec quoi ? Comment ? Qui vivra, verra...

Place à la NOSTALGIE…
Moi, je n’oublierai jamais le premier pont que j’ai souvent traversé enfant, alors que les rambardes étaient très basses et les poutres du tablier disjointes ; si bien que l’on ne pouvait voir la rivière au- dessous.
J’entends encore les grincements et autres bruits bizarres que provoquait le passage des charrettes et des voitures à moteur, ce qui ne me donnait pas une impression de sécurité. Mais je vois encore dans les eaux claires de la rivière des multitudes de poissons : truites, bardeaux, chabots... grouillant dans le moindre “gour” de l’Ardèche, alors que les pêcheurs à la ligne s’en donnaient à cœur joie et que la nuit les braconniers posaient leurs filets... li y a peu de pêcheurs, plus de filets et plus guère de poissons.... quand même !!!

Jean LANTUS